dimanche 21 octobre 2007

AFRIQUE SUBSAHARIENNE: "DE L'EAU ET DES HOMMES"

Courrier international n° 884 (11 au 17 octobre 2007).
Mail & Guardian, Johannesburg.
Face aux inondations qui redoublent depuis août dernier, les agences d’aide ont lancés de nombreux appels pour débloquer des crédits d’urgence. Retour sur l’une des plus graves crises humanitaires de ces trente dernières années.

De nouvelles précipitations et la lenteur des secours ont aggravé la crise humanitaire provoquée par les inondations record qui ont touché plus de 4,5 millions de personnes et fait au moins 300 morts en Afrique. Tel est le cri d’alarme lancé par les agences d’aide internationales. Les crues ont frappé 22 pays. Elles ont déplacé des centaines de milliers de personnes et augmenté sérieusement les risques d’épidémies.
C’est le Soudan, un pays déjà ravagé par la guerre, qui a été le plus affecté par les trombes d’eau sans précédent qui se sont déversées depuis août dernier sur le continent. Les Nations- Unies estiment à 625 000 le nombre de personnes qui auraient besoin d’une aide d’urgence dans ce seul pays. Une épidémie de choléra s’y est déclarée et a déjà fait 68 morts. Dans une déclaration, l’ONU estime qu’ « au moins 100 000 autres personnes ont souffert de la dernière série de crues, qui ont détruit les maisons mais également les stocks de vivres et les articles ménagers essentiels ». En Ouganda, le pays voisin, au moins 400 000 sinistrés des régions Nord- Ouest attendent des secours qui arrivent difficilement en raison des dégâts causés par la montée des eaux. Dans l’ouest, de l’Ethiopie, la ville de Gambela et sa région ont été encore une fois submergées, portant le nombre de sinistrés à environ 226 000.
Les donateurs s’efforcent d’éviter ce que redoutent les agences d’aide : une crise plus meurtrière encore, génératrice à long terme de pénuries alimentaires dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète. Les Etats- Unis ont annoncés un don de 500 000 dollars à l’Ouganda. L’Union européenne et d’autres ont également promis des millions de dollars. Le désastre s’est abattu sur le continent noir alors même que les grands de ce monde discutaient du changement climatique lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Les pluies torrentielles et les inondations qui ont ravagé l’Afrique subsaharienne sont, de l’avis des experts, causées par le phénomène climatique La Nina, survenu à des milliers de kilomètres de là, dans l’océan Pacifique. Pour beaucoup, elles doivent servir de signal d’alarme, en particulier aux pays pauvres, et pousser à mieux se préparer aux catastrophes naturelles induites par le changement climatique. Les crues ont pris tout le monde au dépourvu, gouvernements comme agences d’aide et ONG, dans la mesure où il est habituel, dans la plupart des pays atteints, d’enregistrer de fortes pluies en août et en septembre. Le Kenya a annoncé qu’il consacrerait 97 millions de dollars au renforcement des mesures préventives dans l’ouest du pays, qui déplore au moins 15 victimes depuis août. Au Ghana, l’un des pays les plus durement touchés sur les côtes de l’océan Atlantique, environ 140 000 personnes sont sans abri. Au Burkina Faso, ce sont au moins 33 autres qui ont trouvé la mort depuis le mois d’août, selon les chiffres officiels.
Quant au Niger, l’un des pays les plus secs d’Afrique, on y compte plus de 50 000 sinistrés. Dans les pays marqués par la guerre, la situation est d’autant plus grave que les pluies diluviennes, ajoutées à l’inquiétante montée des eaux, ont déplacé les mines enfouies dans le sol, ce qui accroît sensiblement le risque de contacts accidentels pouvant déclencher des explosions.
Dans les régions devenues pour la plupart inaccessibles, l’aide d’urgence tente pour l’heure de se mettre en place. Ainsi, au Sud- Soudan, le Programme alimentaire mondial envisage d’effectuer courant octobre plusieurs largages de nourriture à destination de près de 43 800 victimes des inondations.

Aucun commentaire: