samedi 10 mai 2008

RAPPORT SUR LE DROIT A L'EDUCATION AU NIGER

Fin avril, le groupe Alternative Espaces Citoyens a publié
un rapport d’analyse des politiques et du financement de l’éducation de 2000 à 2007
au Niger.
Au Niger, le droit à l’éducation est reconnu à travers la Constitution du 9 août 1999 et la loi N°98-12 du 1er juin 1998 portant orientation du système éducatif nigérien (LOSEN). L’article 2 de cette loi proclame que « l’éducation est un droit pour tout citoyen nigérien » et précise que « l’État garantit l’éducation à tous les enfants de 4 à 18 ans ». L’article 8 stipule sans ambages que « le droit à l’éducation est reconnu à tous sans distinction d’âge, de sexe, d’origine sociale, raciale, ethnique ou religieuse » ; et l’article 13 dispose que l’éducation doit être complète et viser « le développement des capacités intellectuelles, physiques et morales, l’amélioration de la formation en vue d’une insertion sociale et professionnelle et le plein exercice de la citoyenneté ». S’il est réjouissant de constater que le droit à l’éducation est ainsi inscrit dans la législation interne du pays, il reste que ni la constitution nigérienne, ni la loi d’orientation du système éducatif nigérien, ne dispose clairement qu’il incombe à l’État la responsabilité de garantir l’accès pour tous. Les dispositions de la loi d’orientation ne font aucun cas de la gratuité de l’éducation, y compris pour l’éducation de base, alors que les instruments juridiques internationaux sont clairs à ce sujet. Cette loi souligne certes que l’État garantit l’éducation à tous les enfants âgés de 4 à 18 ans ; mais, elle institue également le partage des coûts liés à l’éducation à travers son article 60.

Une politique éducative toujours inspirée par la Banque mondiale

Après deux décennies d’ajustement structurel, l’adoption de la loi d’orientation du système éducatif nigérien n’a pas permis d’amorcer un nouveau tournant dans la politique éducative du Niger ; car, les stratégies préconisées aujourd’hui dans le cadre du programme décennal de développement de l’éducation sont demeurées identiques à celles ayant été appliquées sous l’égide de la Banque mondiale. L’analyse de ce programme fait ressortir d’ailleurs qu’il est venu porter à son paroxysme la logique d’économies budgétaires qui sous-tendait les projets éducation de la Banque mondiale ; car, des mesures jadis préconisées à titre provisoire, telles que le recrutement des enseignants contractuels et le système des classes multigrades ou à double flux, sont devenues des axes majeurs de la politique éducative du pays. Aujourd’hui, s’il est vrai que le recrutement exclusif des contractuels pour les postes d’enseignants a permis d’accroitre les effectifs inscrits au niveau de l’éducation de base, il n’en demeure pas moins indéniable que cette mesure a affecté gravement la qualité des apprentissages à tous les niveaux du système éducatif. Ce constat est valable également pour l’introduction du système des classes multigrades et des classes à double flux, dont les impacts négatifs sur la qualité des apprentissages sont reconnus par tous les spécialistes de l’éducation, surtout dans le contexte actuel où la majorité du personnel enseignant est constituée de contractuels sans formation pédagogique et sans motivation. Au cours de ces dernières années, la situation dans les secteurs de l’enseignement supérieur et de l’enseignement technique et professionnel s’est aussi considérablement détériorée au Niger. Ces deux (2) secteurs ont été particulièrement affectés par les mesures drastiques d’économie budgétaire préconisées dans le cadre des projets éducation de la Banque mondiale ; car, la politique poursuivie par l’État nigérien, qui se fonde sur le postulat que « l’éducation de base est plus profitable aux populations démunies », a consisté essentiellement à réduire les ressources publiques allouées à ces deux secteurs.
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